Hector et les médiators
Je vous déteste
Hector et les Médiators, le nom sonne comme une plaisanterie… à la fois culte et inconnu, il est des artistes comme ça, iconoclastes, trublions, qui n’existent que pour ça, mettre des coups de pied dans la fourmilière, juste pour voir comment ça fait…
Hector, on s’imagine bien l’appeler Totor et faire des blagues à 2 balles dans une soirée une bière à la main…rien de tel qu’une bière à la main pour engager une conversation…
Mais cet Hector là, c’est une autre paire de manche, il se laissera pas faire, c’est un hargneux et gratuitement méchant de surcroit, pour qui toute offense à son encontre équivaudra à une déclaration de guerre, et d’ailleurs pas la peine, il vous hait déjà…Rien que de vous voir c’est épidermique, il vous vomit dessus, c’est son style, c’est sa manière à lui de vous dire qu’il vous hai…me…
Mais un peu d’histoire, Hector aux grandes heures du Golf Drouot, habitué des lieux, fait comme qui dirait, partie du décor. Avec une coupe cheveux aux épaules coiffé d’un chapeau melon, ce grand échalas, traine sa silhouette à chaque concert, et ne tardera pas à franchir le pas pour monter sur scène et se faire remarquer. Il s’acoquine Avec quelques aficionados musiciens qui vont l’accompagner sous le nom des Médiators
Nous sommes en pleine époque Yéyé et lui va s’afficher volontairement en Anti Yéyé…nous avec Steph, nous dirions Protopunk…
Petite anecdote, son vrai patronyme est Jean Pierre Kalfon. Quand on connait l’autre JPK on ne peut que s’amuser de la coïncidence. Tout aussi foufou il fera partie des iconoclastes de l’époque avec un look beat et participera au mouvement Punk français en train de chercher ses marques, avec lui aussi une volonté de lancer des ponts entre la musique et la performance théâtrale, à coup de provocations innocentes et candides.
Les fous du roi peuvent tout se permettre, avec un sourire malicieux… ça passe toujours crème.
Il emprunte à Screaming Jay Hawkins et à Lord Sutch leur jeu de scène macabre, grand guignolesque de fête foraine et sort d’un cercueil accompagné de son fidèle majordome pour compléter la panoplie il arbore une bonde de douche autour du coup (ne nous demandez pas pourquoi).
Autre trublion de taille, Jean Yanne se colle aux textes.
Deux titres écrits par le grand Jean Yanne. Nous sommes en 1963, et là il nous assène toute sa morgue avec un JE VOUS DETESTE, AH ! JE VOUS HAIS… et un autre plus gentil, quoique ? T’ES PAS DU QUARTIER.
On est pas encore en mai 68, et Hector, tignasse sauvage, cape de Dracula et canne à pommeau à la main va invectiver à corps et criiiiis le public…, il vous hait il vous déteste et d’un seul geste il vous balaie…
Nul doute qu’Hector aura contribué à former quelques adolescents encore boutonneux à l’insurrection et à remettre en cause la parole des adultes et du Général… on les retrouvera sans doute plus tard sur les barricades. Il aura aussi préparé le terrain pour pas mal de punkrockers des années 70 80.
Hector ne se considère pas comme un chanteur mais plus comme un artiste performer, il donne un interview dans la fontaine de la place de la Concorde en s’y baignant, non sans avoir mis de la lessive dedans-qui mousse et qui mousse. Une dimension Dada, une absurdie, un ready steady chaos !!!!