Les Thugs
Night Dance
Janvier 1985 tout juste un mois que je viens d’avoir 18 ans, et cette majorité doit me rendre plus responsable plus sérieux plus pondéré…mais il n’en est rien…
Le bac à la fin de cette année scolaire va sonner le glas pour moi et c’est sûr, mes parents ne seront pas, mais pas du tout contents, alors…
Alors quoi ? Alors je vais sortir avec les potes, faire la fermeture du campus les samedis soir et voir les concerts du Must les dimanches après-midi, et justement dimanche prochain Les Thugs, jeune groupe angevin doit y passer…
Leur réputation de performers n’est plus à faire, les a précédée et déjà la petite troupe des punks rockers de Périgueux ne parle que de ça…
Le Must a ouvert ses portes, l’endroit est petit, bas de plafond, et la scène au niveau du sol. La promiscuité avec les groupes fait le charme de l’endroit… mais les groupes d’habitude marquent une certaine distance avec le public.
Là, ce sont Les Thugs et partout où ils passent les tympans trépassent…
Après avoir fait la fermeture du Campus la Veille nous sommes un peu fatigués et nos muscles éprouvés ne demandent qu’à être bandés, tendus à l’extrême pour ce set que nous attendons un demi à la main en regardant les instruments, micros et amplis prêts faire feu.
Le public impatient (nous) se tient devant le pied de micro quand le groupe fait sonner les premiers accords, achever le premier morceau et démarrer le prochain sans marquer de pause, et ni la pose d’ailleurs. Les mecs ont des looks normaux, pas d’artifices, juste du gros son … et là nous sommes servis.
Les musiciens tentent de contenir le public qui inexorablement empiète sur la scène, la sueur perle sur les fronts, les tee-shirts vont de l’humide au carrément dégoulinant, les bras s’agitent, brassent l’air comme pour pourfendre un ennemi imaginaire.
Et ce public chaud, beau, les filles cheveux crêpés laqués, les cils surlignés tracés au mascara, les franges bien droites, elles ont sans doute passé deux heures sinon plus à peaufiner leur look, mais les garçons ne sont pas en reste, car on ne sort pas, on ne se montre pas aux autres sans un minimum de préparation…
Cette année là je porte souvent une marinière sous un bleu de chauffe noir acheté dans une fripe et treillis militaire chaussé de mes Doc Martens…
Je suis retombé sur des photos de cette époque, nous étions beaux magnifiques prêts pour une party de frenetic dancing , en rythme tous et toutes à marteler l’air à invectiver le futur de notre morgue…
Le lendemain je repartais pour une journée de lycée et passait prendre mon café avant les cours au Campus.
Je levais la tête et surpris je voyais quelques 45 tous des Thugs, mis en dépôt vente…
Et voilà comment je fis l’acquisition de ce 45 tours.