Bob & Earl
Puppet in a string
En 82, 83 je commence à emprunter les vinyles de Rythm’n Blues de mon daron, Les Compils de chez Atlantic Formidable Rythm’n Blues sont mes préférées avec la face A rapide et la B lente et ses morceaux enchainés. Ils n’ont plus aucun secret à force de les passer et repasser sur la platine…
Un jour lors de mes pérégrinations, chez un bouquiniste je vois un bac de disques qui attire mon attention, je fais défiler les pochettes, entre Michel Sardou et Verchuren… Une pochette qui affiche Bob et Earl en lettres psychédéliques me fait de l’œil avec une photo du duo qui pose enchevêtré dans les boucles du titre.
A la première écoute c’est un choc auditif, annoncé avec force de cuivres rutilants Harlem Shuffle me vrille les tympans…
Quelques années plus tard j’émigre à Paris avec ma petite amie qui deviendra mon épouse durant une partie de ma vie… Nous fréquentons la sphère des Mods Parisiens et je me lie d’amitié avec Sam qui vient diner chez nous. Soirées durant lesquelles nous écoutons de la musique et souvent ce classique Northern soul, Harlem Shuffle.
Comme cela se fait à l’époque je lui prête le dit disque avec une réédition de Ronnie Bird…
Malheureusement ma moitié s’embrouille avec la compagne de Sam… Tous deux restons extérieur au clash mais disons que sa meuf est plutôt du genre vindicatif… Bref mes galettes sont prises en otage, et quelques temps plus tard Sam et sa meuf déménagent dans le sud de la France et je ne reverrai plus mes chers disques et surtout mon Bob et Earl…
Nous sommes encore à la fin des années 80 et les disques rares sont soit durs à trouver ou chers et à ce moment là je dois faire preuve de modération.
Il est vrai que depuis j’aurais pu l’acheter sur Internet, mais cela ne fait pas partie de mon ADN, du moins pour les disques. Je préfère, encore aujourd’hui m’en remettre au hasard des brocantes et de mes voyages.
C’est plus excitant et ça fait de jolies histoires à raconter.
Donc il y a deux semaines nous étions à Londres avec Steph et d’autres amis pour juger du retour des Prisoners sur scène… Nous y sommes restés le Weekend pour y faire des balades et du shopping…
Nous voici à Spitafields Market écumant les bacs de Rough Trade essayant fripes et autres falbalas… Quand aux détours du dédale des allées exigües je vois et reconnais la pochette du Bob et Earl… Les doigts fébriles je sors la galette, nickel, pas une rayure, celui-ci brille d’un bel éclat noir, un vrai Soulages.
En parcourant le track listing je me rend compte que Harlem Shuffle n’en fait pas partie, c’est un pressage anglais. ZUT ZUT ZUT, TRIPLE ZUT.
Néanmoins je sors ma carte de crédit et emporte ce bel exemplaire sous mon bras…
De retour à Paname je pose le vinyle sur la platine, et les énormes cuivres en fanfares emplissent mon appartement et ma tête pleine de souvenirs. 25 ans après je savoure le plaisir de redécouvrir ce disque.
Ainsi va la vie après la frustration et l’attente enfin la jouissance.
Merci de m’avoir permis de redécouvrir ce classique, les disques sont des histoires des souvenirs des émotions et des parties de vie.